Vodoun Zô

Bourian
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Le vodoun Zô est une divinité très liée à la divinité Heviosso en Fongbé et Shango en Yoruba propre au Yoruba d’Oyo qui fut importée il y a longtemps par les ancêtres au Bénin. Elle se caractérise par le feu ; très puissante et bienfaisante pour les adeptes qui respectent ses principes. C’est une divinité d’aire culturelle adja-tado d’où elle prit racine avant d’arriver ici à Ouidah. A l’origine les premiers adeptes de la divinité l’ont choisi afin que par sa puissance elle puisse régler les problèmes de difficulté à procréer.

I. IDENTIFICATION DE L'ELEMENT

I. 1. Nom (tel qu'utilisé par les communautés)

En Fongbé : Vodoun Zô ou Inan en Yoruba

I.2. Domaine(s) de classification, selon l’UNESCO

Patrimoine culturel immatériel liée aux savoirs sacrés

I.3. Communauté(s), groupe(s) et individu(s) liés à la pratique

SODOGANDJI, LISSANON, SONON, DOSSOU-YOVO, DA COSTA

I.4. Localisation physique

- Lieu(x) de la pratique au Bénin

 Ouidah Quartier Tovè 1

- Pratique similaire au Bénin et/ou à l’étranger

Originaire du Nigéria, la divinité Zô existe au Togo, en Côte d’ivoire, etc.

I.5. Description détaillée de la pratique

Vodoun Zô est la divinité du Feu qui représente la source de la divinité Heviosso ou Shango. Le Heviosso représente la foudre, le dieu du tonnerre, il est matérialisé par le Atchina des plumes rouges qui marquent le feu et la force d’où son lien étroit avec le vodoun Zô. Dans la conception commune, les grondements du tonnerre pendant la pluie sont considérés comme les manifestations de la divinité Heviosso. Le Heviosso est souvent assimilé en comparaison à la religion catholique à l’ange saint Michel qui lorsqu’un individu veut commettre un forfait ou faire du mal il intervient pour faire justice et punir les malfaiteurs.
Les adeptes de la divinité Zô sont des hommes et des femmes choisies par la divinité et internés au couvent durant une période d’au plus un an au cours de laquelle ils sont initiés. Après leurs baptêmes sous un nouveau nom d’adepte, ils doivent respecter certains interdits aux nombres desquelles nous avons :
– Ne pas approcher une femme 3 jours avant les rites vodoun
– La veille du marché Myonhi (marché kpassè) les adeptes ne doivent pas avoir des relations sexuelles
– Les adeptes ne doivent pas permettre qu’on les gifle
– La viande de porc et de brousse est proscrite
– Ils ne doivent pas insulter quelqu’un en premier

I.6. Langue(s) utilisée(s) dans la pratique

Le Fongbé, le Yoruba

I.7. Éléments matériels liés à la pratique

Patrimoine bâti

Le lieu commun à Ouidah connu comme temple vodoun Zô est situé au quartier Tovè1

 

Objets, outils, matériaux supports

Plusieurs éléments entre dans la pratique et dans les rites liés à la divinité Zô. Il s’agit par exemple de :
– Clochettes
– Ahowé (Garcinia Kola)
– Vî (colas)
– Atakoun (piment de Guinée)

II. APPRENTISSAGE ET TRANSMISSION DU PATRIMOINE

II.1. Modes d’apprentissage et de transmission

L’adepte du vodun ZO est d’abord choisi par ses parents et ensuite confirmé par le FA. Les adeptes sont souvent surpris dans la circulation couverte d’un grand pagne provenant du couvent. Pour devenir adepte de la divinité Zô on est interné dans un couvent vodoun, initié aux pratiques et aux rituels. La durée d’internement est de 1an maximum. Après leur baptême et leurs nouveaux noms d’adepte attribués, les nouveaux adeptes sont présentés aux publics dans une grande célébration où ils dansent et chantent en transe vêtus de pagne noué à la taille, de Atchina porté sur le dos. Les frais pour devenir adepte sont de 200.000F cfa s’il s’agit d’une affaire de famille c’est-à-dire dans le cas où la divinité choisit un membre de la famille pour être son vodounssi (adepte) et d’environ un million de Fcfa si c’est juste pour son bon vouloir.
Quant au prêtre vodoun Zô, ils sont choisis par consultation du Fâ et suivent un rigoureux processus d’internement au cours duquel ils sont formés aux savoirs sacrés, aux vertus des plantes, et aux paroles incantatoires qui sont spécifiques au vodoun Zô. A la fin du processus de formation on les baptise sous un nouveau nom de Dagbo Zonon (prêtre spirituel vodoun Zô) qu’ils porteront désormais.

II.2. Personnes/organisations impliquées dans la transmission

Plusieurs familles sont impliquées dans la transmission des savoirs faires lié à la divinité. Il s’agit de :
– SODOGANDJI
– MISSANON
– SONNON
– GBADEHOUE
– DOSSOU-YOVO
– da COSTA

III. HISTORIQUE

III.1. Repères historiques

Des origines lointaines
Il y a fort longtemps, les ancêtres ont commencé à adorer la divinité à Ouidah compte tenu des difficultés qu’ils avaient à concevoir. Il s’agissait de trois personnes: LINON, AHOBAKLA, FEGOUN, LINON et AHOBAKLA sont arrivés à Ouidah et vénéraient la divinité Aïzan. LINON et AHOBAKLA étaient des marchands d’esclaves qui achetaient les esclaves dans les pays voisins comme le Nigéria et venaient les vendre aux puissants royaumes d’alors. L’un d’eux épousa une de ces esclaves qui lui expliqua que sa famille possédait une divinité qui pouvait régler ce problème de stérilité. C’est alors que sa femme le conduisit en pays Anan c’est-à-dire Oyo au Nigéria et il fit les sacrifices et les rituelles nécessaires pour prendre la divinité Ina (vodoun Zô en Yoruba).
Les adeptes qu’il rencontra lui firent comprendre qu’avant que la divinité Ina ne lui fasse quoi que ce soit il devait lui faire des promesses à tenir obligatoirement si elle lui accordait ce qu’il désirait. C’est ainsi qu’il fit promettre à la divinité que toute sa descendance et lui seraient adeptes de la divinité qu’ils feraient des sacrifices et des libations en son honneur si elle lui accordait la possibilité d’avoir des enfants. Il s’interrogea sur le fait que sa langue était différente de la leurs (le Yoruba) et les adeptes qu’il rencontra sur place lui notifiant qu’il pouvait s’exprimer dans sa langue maternelle pour pouvoir communiquer avec la divinité. Il rentra avec la divinité et l’installa auprès de la divinité familiale Aïzan. Le vodoun Zô avait la particularité de produire des flammes ardentes la nuit, son grand frère lui fit remarquer que cette divinité était trop puissante et qu’il devait lui trouver un nouvel emplacement. Fâché, il alla installer le vodoun Zô à Zohouncomey au pied d’un fromager en attendant de lui trouver un véritable emplacement le lendemain. Le jour suivant, à sa grande surprise, il vit que le fromager avait complètement brûlé, toute la population vit et confirma effectivement la puissance de cette divinité. Il installa finalement la divinité à Zohoué et fit construire pour lui un abri car Zohoué était un lieu recouvert par la brousse que la divinité incendia complètement avant son arrivée, vu sa puissance il ne pouvait que lui trouver un emplacement sur place. Quelques années après il eut un premier fils qu’il appela DJIDOGBE (littéralement né vivant en français), un second fils qu’il appela Dêclankô.
Dêclankô eut à son tour un fils nommé Koudagbandé, Koudagbandé fit un enfant et le nomma Kpatênon. Kpatênon était pêcheur de crabe ; un jour pendant qu’il pêchait le crabe avec l’un de ses frères nommé Zingbô comme d’habitude. Ils virent au loin des européens ce qui était complètement nouveau pour eux car ils n’étaient jamais entrés en contact avec eux auparavant. Zingbô s’écria ‘’Zodjagué’’ (le feu est en approche) ; la divinité que nous adorons est en approche, il faisait ainsi référence à la couleur de peau claire des européens qui lui faisait penser aux flammes ardentes de couleur similaire que la divinité Zô matérialisait. Kpatenon contrairement à son frère eu le courage d’attendre et il constata finalement que c’était aussi des êtres vivants comme lui et non la divinité comme le pensait son frère. Il accueillit les Européens et les présenta à son arrière-grand-père AHOBAKLA. Après la mort de leur ancêtre AHOBAKLA, qui avant sa mort oublia de notifier à sa descendance la promesse faite à la divinité Zo. La divinité fâchée attaqua DJIDOGBE et le paralyse, après consultation de l’oracle on lui fit comprendre que c’était à cause de la promesse non tenue par son père. Les sacrifices et les libations nécessaires furent faits et il prit l’engagement d’adorer la divinité et se fit interner dans un temple vodoun Zô afin de devenir adepte de la divinité. On le baptisa sous le nom de Zonon Sékpé et il devint ainsi le premier prêtre vodoun Zo de la famille à perpétuer la promesse de son défunt père. Kpatênon lui succéda et amena à Ouidah le premier Atchina (amas de plumes rouges de perroquet que les adeptes mettent sur le dos, qui représentent la divinité du tonnerre, le Heviosso, le feu, la force). Kpatênon devint célèbre comme celui qui amena les blancs dans le village et le premier prètre dignitaire vodoun Zô qui initia le Atchina ici à Ouidah.

III.2. Évolution/adaptation/emprunts du patrimoine

Avant, la durée d’internement des nouveaux adeptes était de 3 ans voir plus, les enfants qui étaient initiés à ce culte n’avaient pas le droit d’aller à l’école. Aujourd’hui avec l’évolution, la durée d’initiation est d’au plus un an et les enfants ont le droit d’aller à l’école.

IV. VIABILITÉ DU PATRIMOINE ET MESURES DE SAUVEGARDE

IV.1. Viabilité

Vitalité

On ne peut parler aujourd’hui de la divinité Heviosso sans faire référence au vodoun Zô. Bien que la divinité Zô ait son culte et ses adeptes à part, elle est intimement liée au Heviosso et par conséquent elle reçoit les demandes et les vœux des adeptes et des non-initiés qui font des offrandes et des libations afin d’honorer cette puissante divinité.

Menaces et risques

Menaces de disparition

Les prêtres vodoun Zô ont mis en place un système qui assure la descendance et la transmission des pratiques et savoir-faire lié à la divinité. Un collège de plus d’une quarantaine de vodounssi (adeptes vodoun) sont au service de la divinité. Elle ne pourrait être menacé de disparaitre tant que la divinité Zô existera.

Conflits d’usage

IV.2. Mise en valeur et mesure(s) de sauvegarde existante(s)

Modes de sauvegarde et de valorisation

Les adeptes vodoun Zô ont initié un système pédagogique qui permet d’apprendre et d’initier les jeunes au culte, aux pratiques, et savoirs sacrés de la divinité. Les vodounssi de la divinité Zô après avoir suivi un long séjour d’internement dans le couvent, scarifiés de petites cicatrices verticales sur le torse et sur le dos sortiront du couvent et seront présentés à la population au cours d’une grande célébration.  

Actions de valorisation à signaler

La célébration du 10 janvier (fête nationale du vodoun) est une grande célébration au cours de laquelle les adeptes de la divinité Zô se réunissent et font des rituels, des sacrifices et des libations en honneur à la divinité. C’est aussi une célébration qui permet de réunir tous les prêtres et les adeptes vodoun Zô, occasion d’échanges et de discussions sur les questions en rapport avec la divinité.

Modes de reconnaissance publique

Les adeptes de la divinité vodoun Zô sont généralement vêtus avec un pagne noué autour de la hanche, des plumes rouges amassées en colis sur le dos (Atchina) et des scarifications le long de la poitrine et du dos. La divinité a la particularité de se matérialiser par le feu, les éclairs.

IV.3. Mesures de sauvegarde envisagées

IV.4. Documentation à l’appui

Récits liés à la pratique et à la tradition

Inventaires réalisés liés à la pratique

Bibliographie sommaire

Filmographie sommaire

Sitographie sommaire

V. PARTICIPATION DES COMMUNAUTÉS, GROUPES ET INDIVIDUS

V.1. Praticien(s) rencontré(s) et contributeur(s) de la fiche

Nom, Fonctions​, Coordonnées​

Dah Zonon Doutê, Prêtre spirituel vodoun Zô, 97 26 77 45

Fonctions

Dah Zonon Doutê, Prêtre spirituel vodoun Zô, 97 26 77 45

Coordonnées

Dah Zonon Doutê, Prêtre spirituel vodoun Zô, 97 26 77 45

V.2. Soutiens et consentements reçus

MÉTADONNÉES DE GESTION

Rédacteur(s) de la fiche

– ZINSOU Modeste
– Hervé ACCROMBESSI
– DJOTON Oluwachéoun Mireille
– TOSSOU Ryan, AGBLO Laurent,
– ADOSSOU Carmel Koffi Rodolphe.

Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés ou membre(s) de l’éventuel comité scientifique instauré

QUENUM Carhel, Coordonnateur de l’enquête

Lieu(x) de l’enquête

Quartier Tovè 1, arrondissement 4, commune de Ouidah

Date/période de l’enquête

10 Août 2021

Date de remise de la fiche

Année d’inclusion à l’inventaire

N° de la fiche

FI_5

Identifiant ARKH