Zobè est un marché qui s’anime quotidiennement en plein cœur de Ouidah, situé dans le quartier Tovè-Zobèto, on y retrouve presque toutes sortes de produits. Allant des denrées alimentaires aux éléments utilisés lors des cérémonies ou rituels. La majorité des habitants de la ville viennent y faire leurs emplettes. Pendant la nuit, ce sont les alentours du marché qui s’animent fortement. Il devient le quartier Général des femmes qui viennent pour s’approvisionner en poisson, légumes de quoi faire la cuisine de la nuit… Loin d’être un simple marché, Zobè a aussi en son sein l’autel principal des jumeaux (To Hoxo) et la divinité Aïzan est installée sur l’un de ses portails.
MARCHE ZOBE
I. IDENTIFICATION DE L'ELEMENT
I. 1. Nom (tel qu'utilisé par les communautés)
En fongbé : Zobèxi
I.2. Domaine(s) de classification, selon l’UNESCO
Patrimoine matériel et immatériel
I.3. Communauté(s), groupe(s) et individu(s) liés à la pratique
Zobè est un marché local fréquenté par la population de la commune de Ouidah. Il est aussi fréquenté par des touristes, des populations des communes périphériques de Ouidah (Kpomassè, Tori, Comè et Grand-Popo).
I.4. Localisation physique
- Lieu(x) de la pratique au Bénin
Les marchés locaux sont situés un peu partout dans tout le Bénin.
- Pratique similaire au Bénin et/ou à l’étranger
Dans le monde entier on retrouve des lieux où s’effectue le commerce de plusieurs produits, des boutiques, des marchés, des centres commerciaux, des supermarchés etc.
I.5. Description détaillée de la pratique
ZOBEHI et la traite
La création de ce marché remonte au 17e ou 18e siècle. Il servait de lieu d’approvisionnement aux navires négriers puisque Gléxué était une halte sur la côte. Pendant le parcours des esclaves, une halte était observée devant la divinité AIZAN du marché pour les charger spirituellement et les protéger afin que le voyage se déroule dans de bonnes conditions.
Structure du marché
Le marché Zobè s’anime chaque jour, on y retrouve un peu de tout. Il serait subdivisé en trois grandes parties : la première partie réservée aux marchands de divers, la deuxième réservée aux marchands de denrées alimentaires et de produits traditionnels et tisanes ensuite la troisième partie est réservée à la boucherie. On retrouve le long de sa clôture quelques boutiques proposant plusieurs articles (quincaillerie, divers, tisanes et autres). Le marché est traversé par deux grands axes ayant à leurs extrémités chaque portail. Dans le marché on retrouve dans sa première partie dont le sol est recouvert de béton et surélevé, des produits vestimentaires, cosmétiques, des céréales, et divers. La seconde partie est beaucoup plus constituée de stand de produits vivriers et de produits maraichers en majorité, l’on y retrouve aussi des stands de produits et matériels utilisés durant les cérémonies vodouns, de volailles de tisanes et autres plantes rares. La particularité du marché Zobè en termes de variété de produits est indubitablement ses stands de carcasses, de peaux d’animaux et de statuettes situé au sud-est de sa clôture. La majorité de la population se rend à Zobè pour faire leurs courses journalières. Les portails du marché se ferme à 18h cependant il resterait actif jusqu’à 23h le long de ses murs. Le marché Zobè est géré par l’association des femmes commerçantes du marché (elle s’occupe d’attribuer les stands et de gérer les conflits) sous tutelle de la mairie (elle loue les boutiques le long des murs). Ainsi donc pour avoir son stand dans le marché Zobè il suffirait de se rapprocher de cette association pour se faire attribuer un stand car de nombreuses places seraient libres aujourd’hui. Mais en dehors du commerce, certains cultes son également liés au marché. On peut citer par exemple la vénération des jumeaux, le culte du vodoun Aïzan, les cérémonies de sortie d’enfant, etc.
Zobèhi et l’autel des jumeaux
L’autel principal de la ville dédié aux jumeaux (Hoxoho) est d’ailleurs installé dans le marché.
I.6. Langue(s) utilisée(s) dans la pratique
Le Fongbé
I.7. Éléments matériels liés à la pratique
Patrimoine bâti
Le marché est un espace clôturé doté de quatre portails, l’autel principal de la ville dédié aux jumeaux (Hoxoho) et l’autel de la divinité Aïzan sont également des patrimoines bâtis liés au marché Zobè.
Objets, outils, matériaux supports
Dans le marché, les stands varient selon le produit commercialisé. Dans un stand de fortune on retrouverait des étagères traditionnelles appelées « Akanounta », des plateaux tressés en branches de palmiers nommés « Agbadjè ».
II. APPRENTISSAGE ET TRANSMISSION DU PATRIMOINE
II.1. Modes d’apprentissage et de transmission
Les stands et boutiques du marché sont attribués à tout citoyen ayant le désir de vendre ses produits dans le marché. Le marché est animé et géré essentiellement par les femmes qui transmettent leur savoir-faire à leurs filles.
II.2. Personnes/organisations impliquées dans la transmission
– Les vendeuses et leurs assistantes
– Aizan xoxo prêtres et prêtresses
– Gestion associative appuyée par la mairie
III. HISTORIQUE
III.1. Repères historiques
Le marché Zobè est un très vieux marché créé par le roi Kpassè. ZOBE qui signifie « Le Feu s’est caché » en comparaison à la couleur rougeâtre du soleil couchant qui semble s’éclipser derrière l’emplacement du marché vu à partir du palais royal. Le marché était contrôlé par les Ahissigan du royaume d’Abomey sous la supervision du yovogan. Auparavant il était en plein air mais sous le mandat du premier maire de la ville de Ouidah (Emile Poisson), il s’est fait clôturer. Le 13 Février 1896, le marché Zobé fait peau neuve avec d’excellentes conditions de confort. Il a été inauguré par l’administration coloniale sous la présidence de M. Armand de la Loyère alors Gouverneur par intérim du Dahomey assisté de M. Partteson, Administrateur principal de Ouidah. C’est le premier marché de la ville de Ouidah, à son apogée on y trouve à foison toute sorte d’articles. Il ne s’animait que durant la journée car la nuit les lumières dérangeaient la divinité Aïzan. Aussi le culte lié aux jumeaux, Hoxosinsin, y est présent depuis sa création.
III.2. Évolution/adaptation/emprunts du patrimoine
De nos jours, avec l’électricité, le marché reste actif en dehors de ses murs jusqu’aux environs de 23h, mais ses portails sont scrupuleusement fermés à 18h. Aussi il n’existe plus de point de vente de bétails ni de boucherie dans le marché.
IV. VIABILITÉ DU PATRIMOINE ET MESURES DE SAUVEGARDE
IV.1. Viabilité
Vitalité
Zobè est un lieu de commerce actif et lié aux autres marchés qui s’animent selon une périodicité.
Menaces et risques
Zobè est un marché fixe et stable car multiséculaire et lié à des croyances La prolifération des petits commerces partout dans la ville et devant chaque maison constitue un manque à gagner pour le marché qui n’arrive plus à faire ses recouvrements d’impôt nécessaire pour les réfections à cause des fuites. Il revient à l’administration locale de recentrer les zones de commerce afin de donner force aux marchés de la ville notamment le marché ZOBE
Menaces de disparition
Le marché Zobè ne risque pas de disparaître mais se meurt progressivement face à la forte concurrence des autres marchés de Ouidah notamment Kpassè.
Conflits d’usage
Avec le temps, les marchés se sont multipliés à Ouidah, finalement le marché Kpassè, bien que ne s’animant tous les 5 jours aspire l’affluence du marché Zobè, des fois des vendeuses du marché Zobè s’absente le jour où le marché Kpassè s’anime pour se rendre dans ce dernier.
IV.2. Mise en valeur et mesure(s) de sauvegarde existante(s)
Modes de sauvegarde et de valorisation
Pour valoriser le Marché Zobè, il faut arriver à lui définir son statut. On vend désormais quoi au marché Zobè. C’est ce qui lui donne un nouvel ancrage.
Actions de valorisation à signaler
La commune de Ouidah a réparé les anciens stands et boutiques afin de les octroyer aux vendeuses.
Modes de reconnaissance publique
L’on reconnait aisément le marché Zobè à l’aide de la divinité Aïzan sur son portail ou grâce aux pancartes installés sur ses portails.
IV.3. Mesures de sauvegarde envisagées
– SINOU, Alain, Le Comptoir de Ouidah, une ville africaine singulière, Edition Khartala, 1995.
– UGDO : Les voies de la renaissance de Ouidah, Editions KANTA, 1985 (Ouvrage collectif)
– SOUZA, de Rachida A., Ouidah la mémoire silencieuse, Edition dagan,2020.
IV.4. Documentation à l’appui
Récits liés à la pratique et à la tradition
– SINOU, Alain, Le Comptoir de Ouidah, une ville africaine singulière, Edition Khartala, 1995.
– UGDO : Les voies de la renaissance de Ouidah, Editions KANTA, 1985 (Ouvrage collectif)
– SOUZA, de Rachida A., Ouidah la mémoire silencieuse, Edition dagan,2020.
Inventaires réalisés liés à la pratique
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Bibliographie sommaire
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Filmographie sommaire
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Sitographie sommaire
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V. PARTICIPATION DES COMMUNAUTÉS, GROUPES ET INDIVIDUS
V.1. Praticien(s) rencontré(s) et contributeur(s) de la fiche
Nom, Fonctions, Coordonnées
– ATANHLOUETO Justine, Commerçante
– HOUNGBEDJI Pascaline, Commerçante, 91 91 78 40
Fonctions
– ATANHLOUETO Justine, Commerçante
– HOUNGBEDJI Pascaline, Commerçante, 91 91 78 40
Coordonnées
– ATANHLOUETO Justine, Commerçante
– HOUNGBEDJI Pascaline, Commerçante, 91 91 78 40
V.2. Soutiens et consentements reçus
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MÉTADONNÉES DE GESTION
Rédacteur(s) de la fiche
– ZINSOU Modeste
– Hervé ACCROMBESSI
– DJOTON Oluwachéoun Mireille
– TOSSOU Ryan,
– AGBLO Laurent
– ADOSSOU Carmel Koffi Rodolphe
Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés ou membre(s) de l’éventuel comité scientifique instauré
Carhel QUENUM, Coordonnateur de l’enquête
Lieu(x) de l’enquête
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Date/période de l’enquête
06 Septembre 2021
Date de remise de la fiche
Année d’inclusion à l’inventaire
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N° de la fiche
FI_23
Identifiant ARKH
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