Bourian
Bourian
Bourian

Kandji est un mets ancestral fait essentiellement à base du maïs. Souvent retrouvé dans les cérémonies comme plat et aussi utilisé pour des rituels dans les familles Xwédas, le Kandji peut se manger avec du Ataclê, de la friture, du houessoh djanon, du piment et du atatchitchi, … Le Kandji est proposé par les restaurants mais surtout par les vendeuses ambulantes. Chez ces vendeuses la boule s’élève de 25 f  à 50f mais coute plus chère dans les restaurants.

Au centre de Ouidah, une seule revendeuse effectue encore cette activité. Elle se nomme ADJOVI BOCO Antoinette. A Pahou, on retrouve plusieurs dames qui mènent encore l’activité et valorisent le produit sous plusieurs formes.

I. IDENTIFICATION DE L'ELEMENT

I. 1. Nom (tel qu'utilisé par les communautés)

En Fongbé : KANJI

I.2. Domaine(s) de classification, selon l’UNESCO

Art culinaire

I.3. Communauté(s), groupe(s) et individu(s) liés à la pratique

Communautés Fon, Tori, Xwéda, nago, mina

I.4. Localisation physique

- Lieu(x) de la pratique au Bénin

On retrouve le KANJI à Ouidah et dans la commune de Tori.

- Pratique similaire au Bénin et/ou à l’étranger

I.5. Description détaillée de la pratique

Pour faire le KANJI comme à l’ancienne il faut du maïs, du sucre et de la levure. Une fois le maïs acheté, on le trie pour enlever les déchets, ensuite on le lave deux fois puis on l’écrase à moitié au moulin. Au retour du moulin on tamise pour retirer les peaux du maïs, ensuite on met de l’eau sur le maïs recueilli et on laisse reposer pendant deux heures du temps. Après les deux heures on retire le maïs de l’eau puis on l’écrase au moulin pour obtenir de la farine.
Une fois le maïs écrasé, on met de l’eau dans une marmite qu’on met au feu puis on prélève un peu de farine pour faire de la bouillie. Quand la bouillie est prête on le verse dans une bassine qu’on laisse se refroidir toute la nuit. Le matin à 5h, on lave correctement les mains à l’eau et au savon, ensuite on verse la farine restante, le sucre et la levure (qui fera lever la pâte) dans la bouillie qu’on mélange correctement avec les mains. On recouvre le mélange avec un tissu blanc et une bassine qu’on laisse reposer deux heures de temps.
Pendant que la pâte est en train de monter on apprête le four traditionnel. Une fois la pâte levée, on l’emballe en boule dans des feuilles localement appelé Afléman une quantité donnée. Ensuite on dispose les boules de KANJI dans le four traditionnel qu’on laisse cuire pendant 45 minutes maximum.
Allumer un feu de fagot dans la jarre en argile et laisser consommer pour obtenir des braises ardentes. Retirer les fagots et disposer les Kandji à main nue directement sur la braise. Mettre une poêle en argile en couverture de la première jarre et allumer un second feu au-dessus. Ce dispositif permet de cuire le Kandji de part et d’autre. Condamner le dispositif de cuisson avec des troncs de bananier (kouékouédoh) pour conserver la chaleur et faciliter la cuisson. Vérifier de temps en temps la cuisson en ouvrant le dispositif pour s’assurer de l’évolution de la cuisson. Une fois prêt, plonger la main dans le four pour extraire chaque Kandji sans se servir de l’eau fraiche pour se rafraichir.
Une fois cuites, on dispose les boules sur un plateau traditionnel localement appelé Agbadjê pour les laisser refroidi un peu avant de les ranger dans un panier pour aller vendre.
Le Kandji se mange principalement avec le Ataclê ou le Atachichi.
Pour obtenir le ataclê ou atachichi, il faut le haricot blanc, huile d’arachide, petit piment rouge sec, sel. Matériels nécessaires : poêle, petite bassine, écumoire.
Trier le haricot blanc et écraser au moulin pour obtenir une farine. Y ajouter de l’eau et mélanger. Battre en 1mn et incorpore le piment découper en petit morceau. Y ajouter du sel et portionner dans de l’huile simple la veille. Le lendemain, les extraire de l’huile t les poser dans un plateau. Mettre de l’huile au feu et prévoir une seconde bassine d’huile au sol. Frire le Ataclê dans l’huile chaude et le plonger après cuisson dans l’huile froide au sol. Le mettre dans un bocal propre contenant de l’huile destiné pour la vente.

I.6. Langue(s) utilisée(s) dans la pratique

Le Fongbé, Aïzo

I.7. Éléments matériels liés à la pratique

Patrimoine bâti

Le Kandji se fait dans la maison de chaque bonne femme, aucun lieu spécifique n’est dédié à la préparation du Kandji.

Objets, outils, matériaux supports

Pour obtenir le Kandji, voici les matériaux qui interviennent de la préparation jusqu’à la cuisson :
– deux grosses bassines ; la première est utilisée pour faire le mélange de la bouillie et de la farine et la seconde pour couvrir la pâte obtenue
– une marmite de taille moyenne utilisée pour faire la bouillie
– un tissu blanc qui sert à couvrir la pâte obtenue
– un socle improvisé et une jarre en terre cuite qui servent a disposé le four artisanal ; dans le socle on dispose des braises obtenues du feu de bois : c’est là-dedans qu’on aligne les boules de la pâte emballée dans des feuilles et dans la jarre on allume du feu de bois ce qui sert à recouvrir le socle
– des feuilles dans lesquelles on emballe les boules de Kandji
– des bois de feu pour la cuisson
– un plateau traditionnel localement appelé Agbadjê
– un panier

II. APPRENTISSAGE ET TRANSMISSION DU PATRIMOINE

II.1. Modes d’apprentissage et de transmission

La recette de Kandji n’est pas transmise d’une façon particulière, elle passe de génération en génération dans la famille à travers les enfants qui suivent comment elle se prépare. Les mères à la cuisine sont souvent aidées par leurs enfants qui apprennent au fur et à mesure.

II.2. Personnes/organisations impliquées dans la transmission

La transmission de la recette de Kandji est assurée par les femmes. Elles transmettent à leurs enfants, au fur et à mesure qu’ils les aident, les secrets de ce met.

III. HISTORIQUE

III.1. Repères historiques

Dans le souci de satisfaire l’un des besoins élémentaires qu’est se nourrir, les ancêtres ont créé la recette de Kandji. « Kandji » est un mets traditionnel consommé depuis fort longtemps, il a survécu au temps et aux générations. Auparavant ce mets était exceptionnellement cuisiné lors des grandes cérémonies funéraires en particulier et il était utilisé pour performer les rituels liés aux jumeaux.

III.2. Évolution/adaptation/emprunts du patrimoine

De nos jours les bonnes dames ont modifié un peu la recette chacune de son côté pour rendre plus délicieux et plus rentable le « KANJI ». Aussi la pierre à écraser qui servait à moudre le maïs est aujourd’hui remplacée par les moulins modernes pour rendre plus facile et plus rapide la préparation du KANJI.
Le Kandji est de plus en plus utilisé lors des cérémonies festives comme : anniversaire, baptême, mariage, etc…

IV. VIABILITÉ DU PATRIMOINE ET MESURES DE SAUVEGARDE

IV.1. Viabilité

Vitalité

La réalisation du KANJI aujourd’hui se fait à des fins commerciales et vu que les femmes qui font ce commerce réduisent au jour le jour dû aux menaces, leurs produits sont aussi écoulés assez vite. Grâce à cette activité, les bonnes dames arrivent à subvenir à leurs besoins et celles de leurs enfants et même les envoyer à l’école.

Menaces et risques

Les femmes dans la commercialisation du KANJI sont souvent confrontées non seulement à la cherté des produits vivriers mais surtout à la chaleur car elles sont en contact régulier avec la braise d’où leur santé en paie un prix fort.
Risque de brûlure extrême lors de la cuisson du produit dans le four.

Menaces de disparition

Rare sont actuellement les femmes qui font ce commerce, ce qui menace gravement l’existence de ce mets. A cela s’ajoute la cherté des produits vivriers qui portent un coup fatal à la rentabilité du commerce. L’occidentalisation à outrance de notre culture fait que la génération actuelle méconnaît les mets traditionnels tels que le « Kandji » et beaucoup d’autres qui pourtant sont délicieux, riches et médicinales. 

Conflits d’usage

IV.2. Mise en valeur et mesure(s) de sauvegarde existante(s)

Modes de sauvegarde et de valorisation

Les femmes qui commercialisent ce met le transmettent à leurs enfants.

Actions de valorisation à signaler

Aujourd’hui on remarque que ce met commence à renaître lors des grandes manifestations nationales ou internationales. Et aussi le KANJI tellement apprécié est exporté à l’extérieur pour la consommation par les étrangers qui viennent pour le tourisme et également par les autochtones quand ils voyagent. Le marché de Pahou est un lieu privilégié de commercialisation

Modes de reconnaissance publique

Les bonnes dames qui commercialisent le Kandji n’ont ni d’association ni de groupement par lequel est représenté ce mets.

IV.3. Mesures de sauvegarde envisagées

Voir les familles et clans d’origine des productrices

IV.4. Documentation à l’appui

Récits liés à la pratique et à la tradition

Voir les familles et clans d’origine des productrices

Inventaires réalisés liés à la pratique

Bibliographie sommaire

Agbo Casimir (dit Alidji) : 1959, Histoire de Ouidah du XVIème au XXème siècle, Les presses universitaires Avignon, 307 p.

Filmographie sommaire

Sitographie sommaire

V. PARTICIPATION DES COMMUNAUTÉS, GROUPES ET INDIVIDUS

V.1. Praticien(s) rencontré(s) et contributeur(s) de la fiche

Nom, Fonctions​, Coordonnées​

ADJOVI BOCO Antoinette,Vendeuse de KANJI, 96 23 41 62 / 61 11 86 64

Fonctions

ADJOVI BOCO Antoinette,Vendeuse de KANJI, 96 23 41 62 / 61 11 86 64

Coordonnées

ADJOVI BOCO Antoinette,Vendeuse de KANJI, 96 23 41 62 / 61 11 86 64

V.2. Soutiens et consentements reçus

MÉTADONNÉES DE GESTION

Rédacteur(s) de la fiche

– ZINSOU Modeste
– Hervé ACCROMBESSI
– DJOTON Oluwachéoun Mireille
– TOSSOU Ryan
– AGBLO Laurent
– ADOSSOU Carmel Koffi Rodolphe

Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés ou membre(s) de l’éventuel comité scientifique instauré

Carhel QUENUM, Coordonnateur de l’enquête

Lieu(x) de l’enquête

Commune de Ouidah

Date/période de l’enquête

29 septembre 2021

Date de remise de la fiche

Année d’inclusion à l’inventaire

N° de la fiche

FI_22

Identifiant ARKH