La forêt sacrée Kpassè est une forêt classée, mais également une forêt sacrée comme son nom l’indique. Selon la légende, cette forêt marque l’emplacement où, au XIVe siècle, le roi Kpassè, fondateur de la ville, aurait miraculeusement disparu. D’après la croyance populaire, alors qu’il est mort enfermé dans sa chambre à Savi quelques années plus tôt, le roi Kpassè se serait réincarné en 1661 dans cette forêt, prenant la forme d’un grand arbre : un iroko baptisé « Kpassèloko ». Depuis lors, le roi Kpassè est devenu un grand symbole et la forêt s’en est trouvée plus valorisée. Cet arbre vénéré pour ses capacités mystiques, exaucerait tous les vœux émis par tout visiteur qui les formule de bonne foi et avec la promesse de revenir lui faire une offrande (peu importe sa valeur) en retour. C’est ainsi que dans une clairière de la forêt, on peut découvrir l’hôtel du python qui est un bâtiment colonial partiellement construit entre 1928 et 1929 par le capitaine Jean ADJOVI de l’armée coloniale française, en remerciement de l’exaucement d’un vœu qu’il aurait formulé avant son départ pour la première guerre mondiale.
Jusqu’aujourd’hui encore, la forêt de Ouidah continue à recevoir des cérémonies diverses comme le « Gozin » (cérémonie de purification de la ville) qui dure trois lunes ou encore le « Médoalissa » qui met fin aux cérémonies funéraires dans la communauté Xwédah. En plus de l’Iroko sacrée, plusieurs essences aux propriétés médicinales peuplent la forêt sacrée de Kpassè, C’est le cas d’un arbre de taille impressionnante qui se serait redressé après avoir été déraciné par un vent violent. La forêt abrite plusieurs divinités autour desquelles s’organisent périodiquement de grandes cérémonies rituelles. C’est aussi un musée à ciel ouvert qui accueille de nombreux visiteurs. Depuis le festival international du vodoun qui a eu lieu au Bénin, en 1993, la forêt sacrée de Kpassè s’est ouverte aux touristes, tout en conservant son pré carré interdit aux non-initiés. Au fronton de la forêt sacrée de Kpassè, trônent fièrement les statues sculptées du couple de panthères, qui auraient assuré la garde rapprochée du roi Kpassè. Ces deux panthères sont en même temps les gardiens de la forêt sacrée. La forêt renferme dans sa partie accessible au public, des représentations de diverses divinités telles que :
– Mami Wata qui est une divinité aquatique du culte africain vodoun, dont la pratique est répandue en Afrique de l’Ouest, du centre et du Sud, dans la diaspora africaine, les Caraïbes, et dans certaines régions d’Amérique du Nord et du Sud ;
– Gu, ou Ogoun, ou Ogou, qui se présente sous plusieurs aspects. Il préside au feu, au fer et à la guerre. Comme tel, il est le patron des forgerons. Il est le frère de Shangô.
– Sakpata qui est une divinité d’origine yoruba connue dans les pays du golfe du Bénin, également au Brésil et en Haïti, comme le dieu de la variole, et plus généralement des maladies éruptives. Au Bénin et au Togo, la mythologie vaudou en fait aussi la divinité de la terre3. Cependant les deux dimensions sont liées. Quoique très redoutée, c’est l’une des figures les plus populaires du panthéon vodoun.
– Hêbiosso (ou Hêvièsso), dieu de l’orage et de la foudre. Il est accompagné d’un nain ou d’un homoncule chargé de forger ses éclairs ;
– Tolègba, qui est l’intermédiaire et le messager des dieux. Il est assimilé, dans le vaudou syncrétiste haïtien, à saint Pierre, qui détient les clefs du paradis et de l’enfer. Il préside le lavage des mains d’eau et de rhum.
On retrouve également au sein de la forêt sacrée de Kpassè . Selon une croyance commune, un fait mystérieux et extraordinaire s’est produit à la fin du 19ème siècle dans la forêt, lui conférant davantage de valeur. En effet, le 4 juin 1988, un arbre aurait été abattu, mais 41 jours après, soit le 14 juillet de la même année, l’arbre se serait redressé de lui-même et au même endroit. Ce qui a suscité la stupeur dans toute la ville. La forêt sacrée de Kpassè, c’est également des espèces fauniques notamment des chacals, des biches et des serpents.
Bien que de nombreuses cérémonies s’y déroulent durant toute l’année et impliquant exclusivement les adeptes et initiés, une cérémonie de purification et de prières ouverte au grand monde est annuellement organisée. La forêt sacrée Kpassè de Ouidah propose également des articles artisanaux, elle entretient une boutique-souvenir.