La géomancie, sous la forme que nous connaissons, le FA, a atteint notre pays, le Bénin, vers le 17ème siècle par l’intermédiaire du Nigeria. A cet effet, la ville d’Ifè reste aujourd’hui pour tous les adeptes de cette voie d’évolution, le sanctuaire incontesté du FA.
La géomancie ou encore l’oracle est la voix des divinités. Fâ a pour vocation d’informer les hommes et de les guider vers le bonheur et la prospérité. Fâ ne fait pas que prédire le futur, il met au jour tout ce qui se retrouve au présent et déterre les secrets du passé. Lorsqu’on a une interrogation ou lors d’un événement important, Fâ est toujours consulté dans le but d’éviter le malheur, d’y remédier, de conquérir le bonheur et de le préserver.
La consultation, tout un rituel
On peut inviter un Bokonon (prêtre Fâ) ou se rendre chez ce dernier pour une séance de consultation du Fâ. Avant tout le Bokonon s’installe, assis sur une natte et à sa droite vide sa sacoche contenant divers matériaux pour la consultation (graines, colas, cauris, os, peau d’animaux, morceau de terre, etc). On s’installe alors devant lui. Le Bokonon remet alors une graine de Z’yeux aux chattes (adjikouin) sur lequel on met les frais de consultation (varie selon chaque Bokonon) et à laquelle on chuchote l’interrogation sans que le Bokonon l’entende. Après cela on touche le front trois fois avec la graine et l’argent ensuite on les dépose sur la natte. Posé sur la natte le Bokonon enroule le chapelet divinatoire composé de quatre paires de demi-coque autour et effrite du kaolin dessus, ensuite il les recouvre avec un tissu blanc.
L’interprétation du message
Après avoir imploré les anciens et nouveaux Bokonons, le Bokonon récupère le chapelet qu’il jette sur la natte et ensuite interprète le signe apparut. Après avoir raconté une légende du Fâ liée au signe sorti, le Bokonon l’explique. Ce n’est qu’après cela qu’on expose ce sur quoi on interroge le Fâ. Pour résoudre alors le problème, le Bokonon demande ensuite au Fâ vers quoi se tourner : les divinités (vodoun), les offrandes (Vo), un gris-gris (Bô), les dons (saara), etc. Ces solutions sont matérialisées par les différents objets de la sacoche (graines, colas, cauris, os, peau d’animaux, morceau de terre, etc) lorsqu’il les remet on les mélange et on se les partage arbitrairement dans les deux mains. Il jette alors un second chapelet et là le signe qui sort qualifié de secondaire permet de retenir le contenu d’une main. L’opération est répétée jusqu’à l’obtention d’une seule issue. On prend ensuite le « Adjikouin » (graine de z’yeux aux chattes) dans une main, on ferme les deux poings et le Bokonon jette ensuite un troisième chapelet pour déterminer avec précision la solution, par exemple si c’est une divinité qui est retrouvée avec le jet du second chapelet, ici on détermine si c’est une divinité paternelle ou maternelle et ainsi de suite jusqu’à connaître la divinité avec précision. Cette solution n’est valable que pour 16 jours, passé ce délai on doit reprendre les consultations. Pour une consultation lors d’une naissance, il y a une légère différence, le chapelet est substitué à des noix de palmes spéciales (Fâ dékin), exclusivement dédiées au Fâ, avant de les ramasser, une libation (poulets) est nécessairement effectuée au palmier.
16 signes principaux
L’existence est basée sur seize principaux signes à savoir : Gbémêdji, Yèkoumêdji, Wolimêdji, Dimêdji, Lossomêdji, Wlinmêdji, Ablamêdji, Aklanmêdji, Goudamêdji, Sâmêdji, Troukpinmêdji, Toulamêdji, Lêtêmêdji, Kamêdji, Tchêmêdji, Foumêdji. L’existence de chaque individu est basée sur un signe de Fâ. Ce qui fait que chaque personne peut aller se procurer son propre Fâ. C’est une grande cérémonie qui coûterait environ 75.000f pour les femmes et 300.000f pour les hommes. La vie est beaucoup plus facilitée avec le Fâ, un smartphone Android avec Google Assistant est une analogie qui illustre bien le rôle de Fâ dans la vie d’un homme. Malgré le fait que Fâ prévient, et donne des solutions, si ses signes sont mal interprétés (très souvent par des supposés prêtres Fâ amateurs) ou que les directives qu’il donne n’ont pas été respectées, il n’est pas de la responsabilité de Fâ d’accomplir un miracle. On retrouve généralement des prêtres du Fâ mais dans certaines contrées, des femmes exercent en tant que prêtresses du Fâ.