Le Sodabi ou Déhan (alcool du vin de palme) est obtenu après distillation du vin de palme obtenu à partir de la sève de palmier (Détin en langue locale). La technique de fabrication traditionnel vieille de plusieurs siècles demeure encore aujourd’hui. Le sodabi est très apprécié localement, il est utilisé dans la plupart des cérémonies et peut être ajouté à des racines ou des plantes afin d’obtenir des concoctions très efficaces.
Déhan (SODABI)
I. IDENTIFICATION DE L'ELEMENT
I. 1. Nom (tel qu'utilisé par les communautés)
En Fongbé : Déhan ou Sodabi
I.2. Domaine(s) de classification, selon l’UNESCO
Savoir faire artisanal
I.3. Communauté(s), groupe(s) et individu(s) liés à la pratique
La préparation du Sodabi est un savoir-faire très répandu à Ouidah et un peu partout. Nous pouvons par exemple au nombre des familles qui détiennent ce savoir-faire, nous pouvons citer par exemple : GANKPE, AMOUSSOU, KPATENON, KIKI, TOSSOU-GBENOU Rémi (96069784), QUENUM, AGBLO.
I.4. Localisation physique
- Lieu(x) de la pratique au Bénin
Commune de Ouidah par exemple
- Pratique similaire au Bénin et/ou à l’étranger
On produit similaire au sodabi partout dans le monde ! c’est une eau de vie, elle revêt différents noms selon le pays…L’alcool est distillé localement un peu partout dans le monde. On peut parler de l’eau de vie par exemple, ou le saké dans la culture nippone très apprécié.
I.5. Description détaillée de la pratique
La préparation du Sodabi débute par la sélection des palmiers qui seront achetés et abattu. L’achat des palmiers se fait auprès des propriétaires de terres, il s’en suit l’élaboration de documents administratifs légaux certifiant la coupe des palmiers. Une semaine après que le palmier soit abattu, il est débarrassé de toutes ses branches et on procède à l’extraction de la sève du palmier en creusant un trou dans le tronc afin que la sève s’écoule à travers un tube placé dans le tronc creux à cet effet. Quelque temps après la fermentation de cette sève on obtient le atan (vin de palme). Ensuite, le vin de palme est mis au feu pendant 5 heures de temps environ dans un tonneau d’une contenance d’environ 200L rempli à moitié selon la quantité de vin de palme obtenu. La vapeur d’alcool issue de la préparation est acheminée par un tuyau en cuivre qui passe dans un autre tonneau en terre cuite rempli d’eau froide, l’alcool à l’état gazeux est condensé dans le tuyau et redevient liquide. Le liquide est recueilli dans un grand récipient en verre.
Le sodabi ainsi préparé peut-être consommé directement ou infusé avec des plantes, des écorces, des racines…pour donner un goût particulier ou des propriétés médicinales à l’alcool. Il est présent dans la plupart des rituels et cérémonies culturelles au Bénin, il est offert par exemple pour accueillir des invités, c’est une marque d’hospitalité, il accompagne des grands évènements et peut être offert en guise de remerciements pour un service rendu. C’est également l’un des premiers éléments utilisés dans les rituels et les libations dans la religion vodoun.
I.6. Langue(s) utilisée(s) dans la pratique
Le Fongbé
I.7. Éléments matériels liés à la pratique
Patrimoine bâti
Le sodabi est distillé dans un hangar de fortune couvert d’un toit tissé en branche de cocotier. Chaque artisan possède son lieu destiné à la préparation et la distillation du sodabi ou il stocke et conserve à l’abri le matériel de distillation.
Objets, outils, matériaux supports
Plusieurs instruments sont utilisés dans le processus de distillation du Sobabi. Il s’agit de :
– houe pour enlever le sable autour du tronc du palmier pour avoir accès aux racines
– hache pour abattre le palmier à la racine
– machette pour enlever toutes les branches du palmier
– une tige en fer pour percer le tronc du palmier
– Gbaglo (tube placé dans le tronc du palmier) pour pouvoir récupéré le atan : vin de palme
– Goka (un récipient en calebasse) pour recueillir la sève du palmier ou vin de palme
– couteau qui sert de rappe pour éplucher le palmier
En outre, l’alambic traditionnel (matériel de distillation du sodabi) est composé d’un dispositif fait à partir des matériaux de récupération. On peut citer :
– baril d’huile d’une contenance d’environ 200L qui sert à la préparation du vin de palme récupérer à partir de la sève du palmier abattu
– tuyau en cuivre pour récupérer la solution d’alcool obtenue dans le processus de distillation
– un grand tonneau en ciment, en jarre, en plastique…dans lequel est enroulé le tuyau en zinc et contenant de l’eau afin de refroidir l’alcool distillé
– un grand contenant pour récupérer le Sodabi
II. APPRENTISSAGE ET TRANSMISSION DU PATRIMOINE
II.1. Modes d’apprentissage et de transmission
Le savoir-faire se transmet généralement de père en fils, mais parfois des particuliers apprennent la technique de préparation artisanale du sodabi afin de reproduire le procédé à leur tour.
II.2. Personnes/organisations impliquées dans la transmission
Il n’y a pas d’organisation en ce qui concerne la distillation de l’alcool, chaque artisan prépare le sodabi chez lui, il peut également être assisté par d’autres artisans au cours du processus de distillation.
III. HISTORIQUE
III.1. Repères historiques
L’histoire du sodabi remonte à très longtemps avant l’interdiction de la coupe des palmiers par le roi Guézo. Au début, le vin de palme était consommé seul comme boisson. Ensuite les consommateurs pensaient à un moyen d’extraire l’alcool (sodabi) du vin de palme. Il fût alors inventé un procédé artisanal permettant d’extraire l’alcool du vin de palme par distillation dans un alambic traditionnel.
III.2. Évolution/adaptation/emprunts du patrimoine
Avant il y avait beaucoup de palmiers et la plupart arrivaient à maturation avant d’être abattu, ce qui permettait d’obtenir de l’alcool directement par distillation du vin de palme recueilli. Aujourd’hui, avec l’interdiction de la coupe abusive de cette espèce qui se raréfie, les artisans ajoutent du sucre au vin de palme avant la distillation afin que le sodabi obtenue ait la teneur voulue en alcool.
De plus, il n’y avait pas d’autorisation légale à prendre au niveau des forestiers, aujourd’hui chaque palmier abattu est attesté par un document légale obtenue auprès des autorités compétentes.
IV. VIABILITÉ DU PATRIMOINE ET MESURES DE SAUVEGARDE
IV.1. Viabilité
Vitalité
Avec la raréfaction du palmier et les frais inhérents aux démarches administratives de la coupe de l’espèce, l’alcool du vin de palme n’est plus très rentable pour les producteurs.
Menaces et risques
La distillation de l’alcool est une pratique très risquée ; les hautes températures auxquelles sont exposés les artisans, les risques de brûlures, d’explosion Du tonneau contenant le vin de palme sur le feu…sont les risques majeurs liés à cette activité.
Menaces de disparition
Cette activité est menacée effectivement de disparaître compte tenu des restrictions sur la coupe du palmier et du fait que l’alcool recueilli après distillation du vin de palme récupéré ne correspond pas à la quantité et au rendement escompté par les producteurs. De plus, il faut noter l’importation des alcool, liqueurs et autres spiritueux sont des freins au développement de cette activité.
Conflits d’usage
Le sodabi est aujourd’hui concurrencé par des alcools contrefaits produits avec des procédés chimiques. Ces alcools de très mauvaise qualité pullulent sur le marché béninois et tendent à remplacer progressivement le sodabi de bonne qualité produit localement. On produit également de l’alcool avec du maïs, qui n’est pas de la même qualité que du sodabi mais qui entre en concurrence apparente avec l’alcool de vin de palme. L’appellation « Sodabi » est exclusivement réservée à l’alcool fabriqué à base de vin de palme. Toute autre eau de vie produit à partir des produits comme le maïs, le manioc ou autre doit être appelée alcool de maïs ou du manioc !
IV.2. Mise en valeur et mesure(s) de sauvegarde existante(s)
Modes de sauvegarde et de valorisation
Les autorités compétentes en matière de gestion des forêts ont mis en place un système de réglementation de la coupe du palmier à huile, une espèce protégée.
Actions de valorisation à signaler
RAS
Modes de reconnaissance publique
Le sodabi se distingue difficilement à vue d’œil de l’alcool classique utilisé en médecine ou de l’eau par exemple, mais par contre on le reconnaît aisément par son goût très fort en alcool, son odeur qui rappelle le palmier (sodabi ou déhan tchéké-tchéké faisant allusion à l’alcool de vin de palme de bonne qualité).
IV.3. Mesures de sauvegarde envisagées
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IV.4. Documentation à l’appui
Récits liés à la pratique et à la tradition
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Inventaires réalisés liés à la pratique
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Bibliographie sommaire
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Filmographie sommaire
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Sitographie sommaire
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V. PARTICIPATION DES COMMUNAUTÉS, GROUPES ET INDIVIDUS
V.1. Praticien(s) rencontré(s) et contributeur(s) de la fiche
Nom, Fonctions, Coordonnées
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Fonctions
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Coordonnées
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V.2. Soutiens et consentements reçus
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MÉTADONNÉES DE GESTION
Rédacteur(s) de la fiche
– ZINSOU Modeste
– Hervé ACCROMBESSI,
– DJOTON Oluwachéoun Mireille
– TOSSOU Ryan
– AGBLO Laurent
– ADOSSOU Carmel Koffi Rodolphe.
Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés ou membre(s) de l’éventuel comité scientifique instauré
QUENUM Carhel , Coordonnateur de l’enquête, 97172044
Lieu(x) de l’enquête
Ouidah, Zoungbodji
Date/période de l’enquête
Le 13 Septembre 2021
Date de remise de la fiche
Année d’inclusion à l’inventaire
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N° de la fiche
FI_11
Identifiant ARKH
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