La circoncision est une pratique très répandue en Afrique et dans certains pays du monde. Au Bénin, la pratique de la circoncision est parfois un héritage de famille et un savoir-faire propre à une communauté de personnes bien spécifique. Circoncire revient théoriquement à enlever le prépuce de la verge et marque dans plusieurs traditions africaines un rite de passage pour le jeune garçon à l’âge adulte. De nos jours, cette pratique a connu une évolution notoire et se fait désormais à l’hôpital par un médecin chirurgien formé à cet effet.
CIRCONCISION
I. IDENTIFICATION DE L'ELEMENT
I. 1. Nom (tel qu'utilisé par les communautés)
En langue locale : ADAGBOTO
I.2. Domaine(s) de classification, selon l’UNESCO
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I.3. Communauté(s), groupe(s) et individu(s) liés à la pratique
Les familles BABALAO, AGONKUI, CHADARE et autres pratiques la circoncision à Ouidah.
Les hôpitaux et les centres de santé pratiquent également la circoncision aujourd’hui.
I.4. Localisation physique
- Lieu(x) de la pratique au Bénin
Arrondissement 1 Ouidah Zoungbodji, un peu partout au Bénin et ailleurs
- Pratique similaire au Bénin et/ou à l’étranger
La circoncision se pratique un peu partout dans le monde mais la technique diffère selon les traditions et les cultures.
I.5. Description détaillée de la pratique
Une préparation à l’acte
Au début de la pratique, le jour de la circoncision l’enfant à circoncire doit être préparé (douche froide pour refroidir son corps et deux comprimés paracétamol) afin qu’il soit dans les meilleures conditions.
La cérémonie d’hommage des anciens
Le Adagboto faisait une petite cérémonie rituelle préparatoire dans laquelle il implorait la bénédiction et l’assistance des mannes de ces ancêtres ayant fait cette pratique avant lui.
Le déroulement de la circoncision
Ensuite on creusait un petit trou qui servait à accueillir les restes du prépuce. La circoncision est une activité saisonnière pratiquée de Novembre en Février à cause de l’harmattan qui est censé accélérer le processus de guérison de la plaie ; elle se faisait avec un couteau appelé Ha en langue locale Fon aiguisé sur une pierre spéciale avec de l’huile rouge compte tenue de ses propriétés désinfectantes, de l’huile de l’amande de noix palme appelé en langue locale TCHOTCHO, et une feuille antibiotique aux vertus thérapeutiques (le nom de la feuille nous a été refusé dû au secret professionnel) censé arrêter l’écoulement sanguin. Selon M.BABALAO la cicatrisation de la plaie dure 15 jours en moyenne et peut varier dans certains cas, la circoncision n’a pas d’âge exigé mais Mr BABALAO Michel recommande de le faire dès le bas âge. Aujourd’hui, la pratique perdure même si elle n’est pas très rentable les pratiquants ont dû adapter la pratique avec les avancés modernes notamment le couteau qui était utilisé a été remplacé par la lame neuve, les antibiotiques, la Bétadine ou le Baneocin sont autant de produits pharmaceutiques modernes qui sont utilisés. Le prix de la circoncision traditionnelle était à 500 FCFA au départ mais a progressivement augmenté dû aux produits pharmaceutiques utilisés et varie aujourd’hui entre 2.000 FCFA et 5.000 FCFA en fonction des frais de déplacement engagés.
I.6. Langue(s) utilisée(s) dans la pratique
Le Fongbé, le Yoruba…
I.7. Éléments matériels liés à la pratique
Patrimoine bâti
Il n’y a pas vraiment de lieux prévus pour la circoncision à Ouidah, mais en général la circoncision se fait sur la plage de Ouidah, ou chez le concerné.
Objets, outils, matériaux supports
Les outils utilisés dans la pratique avant diffèrent de ceux utilisés actuellement. Ces outils sont entre autres
– couteau localement appelé Ha, il était utilisé pour couper le prépuce et actuellement il est remplacé par la lame neuve
– pierre spéciale pour aiguiser le couteau
– huile rouge (mis sur la pierre pour aiguisée le couteau pour ses propriétés désinfectantes)
– lame neuve
– tchotcho (huile d’amande de noix de palme)
– feuille à vertu thérapeutique censé stopper l’écoulement sanguin
– antibiotique
– paracétamol pour faire descendre la fièvre
– Bétadine
– baneocin ou pénnicilin pommade sur ordonnanc
II. APPRENTISSAGE ET TRANSMISSION DU PATRIMOINE
II.1. Modes d’apprentissage et de transmission
Le savoir-faire peut se transmettre de père en fils mais la tradition veut que pour pratiquer la circoncision afin de prendre la main il faut le faire sur son propre fils ou ces neveux et membres de sa famille car le risque est grand et la moindre erreur pourrait causer de grands dégâts. Le novice apprend à faire en assistant le doyen adagboto qui lui transmet ainsi les bases de la pratique. M.BABALAO nous dit que son formateur l’a strictement mis en garde que l’apprenti adagboto désireux d’apprendre la pratique devra payer des frais de formation et une fois la saison arrivée il devra le suivre afin d’apprendre à son contact en le regardant faire car cette pratique est un savoir-faire qui une fois qu’on l’a apprise on continue de bénéficier des fruits jusqu’à sa mort chaque saison de Novembre en Février comme les ancêtres le faisaient avant eux.
II.2. Personnes/organisations impliquées dans la transmission
Les familles qui sont reconnus à Ouidah comme Adagboto sont entre autres :
AGONKUI, CHADARE, BABALAO etc…
Il n’y a aucune association lié à cette pratique car d’après M.BABALAO Michel, l’initiative de créer une telle association serait considéré comme voulant la présider.
III. HISTORIQUE
III.1. Repères historiques
La pratique de la circoncision remonte à très loin dans l’histoire ; dans certaines grandes familles de Ouidah, c’est un héritage familial transmis de père en fils. Selon les propos de M.BABALAO Michel, on lui conta l’histoire selon laquelle l’oncle de son père était adagboto et il fit manifester également son désir de devenir aussi adagboto comme son grand-oncle malgré son jeune âge. Une fois adulte il fit appel à un adagboto issu de la même fratrie que ceux qui le faisait avec ses ainés, après avoir assisté à la pratique quand il le faisait à son fils ainé il demanda au Mr adagboto qu’il voulait également exercer cette pratique. Le pratiquant lui expliqua qu’il devait commencer en circoncisant son propre enfant car lui aussi à ces débuts, il avait également commencé en le faisant à ses propres fils avant de le faire aux enfants d’autrui. Il expliqua ses propos à Mr BABALAO Michel en lui disant qu’il ne pouvait pas lui apprendre la circoncision sur un enfant d’autrui parce que les risques inhérents à cette pratique sont tel pour un débutant qu’il serait préférable d’assumer la responsabilité en le faisant a son propre enfant. A ses mots, Mr BABALAO après la naissance de son second fils alla se préparer au marché en achetant un paquet de lame, pommade pénicilline, bande, alcool et du coton et fit lui-même la circoncision à son second fils. Il le fit également au deux fils jumeaux de son grand-frère le même jour et appela et montra au adagboto qui lui avait recommandé de le pratiquer sur ses propres enfants ; celui-ci approuva et lui donna son accord…c’est ainsi que M.BABALAO Michel devint adagboto en héritant de ce savoir-faire familial qui était en réalité pour lui un don du ciel. Héritage qui se traduit par le couteau (Ha) ci-dessous ayant circoncis son père et son grand-père avant lui, malgré que ce légendaire couteau ne servent plus de nos jours compte tenu des maladies comme le VIH et autres il représente encore aujourd’hui pour M.BABALAO Michel un lien physique spirituel entre les ancêtres et lui. De plus, selon les dires de M. BABALAO la circoncision est précédée d’un rituel préparatoire qui s’énonce comme suit : nous rendons hommage aux mannes de nos ancêtres qui ont fait la circoncision avant nous, les ancêtres de la famille paternelle et maternelle de l’enfant et nous implorons la bénédiction du tout puissant.
III.2. Évolution/adaptation/emprunts du patrimoine
Avant la circoncision se faisait avec un couteau Ha aiguisé sur une pierre spéciale avec de l’huile rouge pour désinfecter qui était utilisé pour chaque enfant. De nos jours avec les maladies qui pullulent, le couteau est remplacé par une lame neuve. Par ailleurs, avec les avancés de la science la médecine a adaptés à la pratique de la circoncision traditionnel les nouveaux médicaments et les antibiotiques qui facilitent les choses et réduisent aux maximum les risques liés à la circoncision. Les adagbotos ont également été contraint d’adapter la pratique au monde en évolution croissante, Mr BABALAO par exemple utilise du paracétamol et des antibiotiques pour faire descendre la fièvre et accélérer le processus de guérison de la plaie alors qu’avant il utilisait une plante aux vertus thérapeutique ; de la Bétadine, Baneocin, ou de la pénicilline pommade sur ordonnance. La bande a remplacé les bouts de tissu blanc qui était utilisé autrefois parce qu’il comportait le risque que les enfants qui avait des démangeaisons sur la plaie à cause du tissu, le retirait de force ce qui faisait saigner abondamment la plaie. De plus, on creusait un trou dans lequel on faisait la circoncision et les reste du prépuce étaient enterrés dans un tissu blanc ; aujourd’hui M.BABALAO fait la circoncision sur un pagne simple et les restes sont jetés dans les fausses sceptiques ou les puisards.
IV. VIABILITÉ DU PATRIMOINE ET MESURES DE SAUVEGARDE
IV.1. Viabilité
Vitalité
La pratique de la circoncision traditionnelle n’est pas très rentable et est menacée de disparaitre mais la passion pour le métier et le service à la population a amené les pratiquants à pérenniser ce savoir-faire malgré la pression des hôpitaux qui le font aujourd’hui.
Menaces et risques
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Menaces de disparition
La pratique menace aujourd’hui de disparaître à cause de :
– Manque de rentabilité
– Compétitivité accrue avec les médecins formés qui manque de pratique
– La réticence de la population aux anciennes pratiques
Conflits d’usage
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IV.2. Mise en valeur et mesure(s) de sauvegarde existante(s)
Modes de sauvegarde et de valorisation
Transmettre ce savoir-faire à tous ses enfants et formés ceux qui désirent exercer ce métier
Actions de valorisation à signaler
Malgré l’existence de médecins formés et des hôpitaux qui pratiquent la circoncision, certains parents préfèrent néanmoins les adagbotos pour la circoncision de leurs enfants car ce savoir-faire de nos ancêtres ne pourrait être apprises et transmises que par les vraies dépositaires de la pratique.
Modes de reconnaissance publique
– La circoncision est reconnue par tous et dans la plupart des religions.
– Dans la Bible.
IV.3. Mesures de sauvegarde envisagées
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IV.4. Documentation à l’appui
Récits liés à la pratique et à la tradition
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Inventaires réalisés liés à la pratique
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Bibliographie sommaire
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Filmographie sommaire
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Sitographie sommaire
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V. PARTICIPATION DES COMMUNAUTÉS, GROUPES ET INDIVIDUS
V.1. Praticien(s) rencontré(s) et contributeur(s) de la fiche
Nom, Fonctions, Coordonnées
M.BABALAO Michel, Adagboto praticien, sérigraphe et dessinateur,95 42 46 19
Fonctions
M.BABALAO Michel, Adagboto praticien, sérigraphe et dessinateur,95 42 46 19
Coordonnées
M.BABALAO Michel, Adagboto praticien, sérigraphe et dessinateur,95 42 46 19
V.2. Soutiens et consentements reçus
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MÉTADONNÉES DE GESTION
Rédacteur(s) de la fiche
– ZINSOU Modeste
– Hervé ACCROMBESSI
– DJOTON Oluwachéoun Mireille
– TOSSOU Ryan, AGBLO Laurent,
– ADOSSOU Carmel Koffi Rodolphe.
Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés ou membre(s) de l’éventuel comité scientifique instauré
QUENUM Carhel , Coordonnateur de l’enquête
Lieu(x) de l’enquête
Ouidah
Date/période de l’enquête
13 Juillet 2021
Date de remise de la fiche
Année d’inclusion à l’inventaire
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N° de la fiche
FI_18
Identifiant ARKH
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