CÉRÉMONIE DE VEUVAGE CHEZ LES ‘XWEDA’

Bourian
Bourian
Bourian

Chez les ‘AGBO’, après le décès de son mari, la veuve fait son deuil via une cérémonie de veuvage dit ‘ASSOUKOUSSI HÔMIN NIN NON’. La cérémonie de veuvage chez cette famille Xwéda dure environ neuf (09) à douze (12) mois mais les exigences de la vie moderne entraînent une réduction considérable de cette durée qui varie actuellement entre deux (02) et trois (03) mois. Elle se déroule en plusieurs étapes synchronisées avec les cérémonies funéraires du défunt. Elle est facultative (interdite en cas d’infidélité connue ou non), en cas de refus pour cause de religion ou autres, les conséquences qui en découlent n’engagent que la responsabilité de la veuve. Cette cérémonie témoigne de l’attachement de la veuve envers son époux mais en deçà permet de vérifier si le défunt est peut-être père posthume, d’empêcher la veuve d’attribuer la paternité d’un tel enfant à un autre ou un éventuel avortement dans un cas pareil.

I. IDENTIFICATION DE L'ELEMENT

I. 1. Nom (tel qu'utilisé par les communautés)

En fongbé : ASSOUKOUSSI HOMIN NINNON

I.2. Domaine(s) de classification, selon l’UNESCO

I.3. Communauté(s), groupe(s) et individu(s) liés à la pratique

Communauté Xwéda (ATAKPALOKO-AGBO, DJIKPE, ADJOVI, KPASSENON, ACCROMBESSI, ZOSSOUNGBO, HOUSSINOU, SODOGANDJI, HOUNDJE, DJOFFON)

I.4. Localisation physique

- Lieu(x) de la pratique au Bénin

 Ouidah

- Pratique similaire au Bénin et/ou à l’étranger

La cérémonie de veuvage se fait un peu partout dans le monde  et chaque région voir famille a sa particularité.

I.5. Description détaillée de la pratique

Le port de couche, début de cérémonies perlées
Le deuil d’une veuve dans une famille Xwéda commence juste après le décès de son mari. Selon la coutume, la cérémonie débute par le « Gôdidô » qui constitue la première étape. Le « Gôdido » est en réalité la mise d’une garniture dans laquelle la veuve pose une feuille purificatrice dénommée « Késsou-Késsou », sans cela elle risque de se faire engrosser par son défunt mari, une grossesse qu’elle portera jusqu’à la mort sans jamais accoucher. Elle est ensuite installée sur une natte, dans la chambre où elle passera toutes ses journées jusqu’à la fin de son veuvage. Une fois installée elle est tenue de respecter strictement des règles. Au nombre de ces règles nous pouvons citer :
-Elle ne devra plus se doucher,
-Elle ne sortira plus,
-Elle n’aura aucun contact ni communication vers l’extérieur non plus,
-Elle ne prendra, ni remettra rien des mains d’un homme,
-Elle devra éviter tout contact avec les hommes,
-aucun homme n’approchera sa natte.
-Elle ne se couchera que sur une simple natte.
Ce sont un ensemble de condition difficiles pour l’amener à regretter son mari.
Après l’enterrement de son mari, les « tangninons » de la famille du défunt lui dictent en plus des règles qu’elle suivait, d’autres règles de veuvages ancestrales de la famille que sont:
-Elle ne sortira que la nuit et devancer par un enfant,
-Elle gardera toujours ses cheveux couverts par un pagne,
-Elle sera vêtue en monochrome indigo ou noir,
-Elle ne se rendra pas au marché,
-Elle gardera sa main sur l’épaule de la main opposée qui est un symbole de deuil.
Dossoussou ou inhumation proprement dite du défunt
Après la cérémonie « DOSSOUSSOU » de son défunt mari, lors de la soirée « ATCHAHOUN » (sorte de rythme funéraire) elle est accompagnée au milieu de la foule mais ne danse pas au son de la musique car elle est éplorée. On lui fait alors des aumônes et elle retourne dans sa chambre.
DJOGBOME, début d’un retour progressif à la normale
Une fois cette étape franchie, elle pourra alors commencer à se doucher mais que les nuits ou très tôt à l’aube. La prochaine étape de son veuvage est pendant la cérémonie « DJOGBOME » de son défunt mari. Durant cette cérémonie, on lui retire son habillement noir et on lui remet d’autres en couleur cendre. Ces tissus sont dénommés « NOUNKPAFEFE ». On lui fournit également des perles, des boucles d’oreilles toutes blanches Ensuite on l’emmène clôturer la cérémonie chez la divinité Aïzan. Elle est alors libre de se remarier. Mais au cas échéant, si elle n’a pas connu d’aventure avec d’autres hommes, elle peut assister à la cérémonie « MINDOALISSA » de son défunt époux.

I.6. Langue(s) utilisée(s) dans la pratique

Le Fongbé et le Xwéda

I.7. Éléments matériels liés à la pratique

Patrimoine bâti

Il n’y a pas de patrimoine bâti dédié à la cérémonie de veuvage, chaque famille est libre de faire cette cérémonie dans sa maison familiale mais elle se termine toujours chez la divinité Aïzan, implantée devant le marché Zobè, qui est dédiée à toute la ville.

Objets, outils, matériaux supports

Feuille de purification (Késsou-Késsou), vêtements en pagnes noirs et cendres, colas, boucles d’oreilles et perles de couleur blanche, etc.

II. APPRENTISSAGE ET TRANSMISSION DU PATRIMOINE

II.1. Modes d’apprentissage et de transmission

Cette cérémonie n’est pas transmise de façon particulière, elle passe de génération en génération dans la famille à travers les enfants qui suivent comment elle se déroule.

II.2. Personnes/organisations impliquées dans la transmission

La transmission de cette pratique est assurée d’abord par les têtes couronnées de la famille et plus particulièrement par les « Tangninons » (prêtresses de la famille) qui en sont quand même les principales actrices.

III. HISTORIQUE

III.1. Repères historiques

La pratique remonte à très longtemps. Le veuvage est une pratique initiée par nos ancêtres pour mettre en place un système afin d’avoir une mainmise sur la veuve pour :
s’assurer que la veuve n’est pas enceinte de son défunt mari,
vérifier l’attachement de la femme pour son mari,
contrôler ses déplacements et ses interactions avec la gent masculine notamment et
surtout afin de garder la femme dans la famille (si elle est une bonne femme au foyer) en la mariant si possible avec un autre homme de la famille. Cette pratique a perduré au fil des siècles, malgré la modernité et la pression des religions occidentales qui ont fortement influencé les manières de faire hériter de nos ancêtres.

III.2. Évolution/adaptation/emprunts du patrimoine

Avec les exigences de la vie moderne, il est difficile aux veuves d’observer la longue durée des cérémonies. Alors la durée de neuf (09) à douze (12) mois de deuil est réduite à trois (03) mois voire deux (02) mois. Aussi la femme pour quand même répondre à ses obligations professionnelles reçoit une autorisation spéciale de la part des dirigeants de la famille pour se rendre à son travail pendant cette période. Cependant elle est tenue de limiter ses contacts avec les hommes au maximum et surtout de rentrer à la maison directement après le service. Elle ne doit pas aller au marché.

IV. VIABILITÉ DU PATRIMOINE ET MESURES DE SAUVEGARDE

IV.1. Viabilité

Vitalité

Menaces et risques

Aujourd’hui le veuvage n’est plus imposé par la plupart des familles modernes. Elle est remplacée par des messes ou des intentions de prière comme le demandent les religions occidentales.

Menaces de disparition

Pour des raisons de modernité et de divergences religieuses, nombreuses sont les familles qui remplacent ces rites dites rétrogrades par les messes et prières. La preuve est que les pratiquants rencontrés ont insisté sur le caractère non obligatoire de la cérémonie, ce qui représente un risque imminent de disparition de cette pratique.

Conflits d’usage

IV.2. Mise en valeur et mesure(s) de sauvegarde existante(s)

Modes de sauvegarde et de valorisation

Le veuvage est une cérémonie publique ouverte à tous les membres de la famille, ce qui représente une prise de conscience sur la nécessité de la pratique et un mode de transmission en soi aux jeunes générations qui y assistent.

Actions de valorisation à signaler

Modes de reconnaissance publique

On reconnaît une femme dans le processus de veuvage traditionnel dans son habillement et dans l’exécution des étapes du veuvage.

IV.3. Mesures de sauvegarde envisagées

IV.4. Documentation à l’appui

Récits liés à la pratique et à la tradition

Inventaires réalisés liés à la pratique

Bibliographie sommaire

Filmographie sommaire

Sitographie sommaire

V. PARTICIPATION DES COMMUNAUTÉS, GROUPES ET INDIVIDUS

V.1. Praticien(s) rencontré(s) et contributeur(s) de la fiche

Nom, Fonctions​, Coordonnées​

AGBO Ambroise alias Dada AHOUANGASSI, Chef de la famille ATAKPALOKO AGBO, 97 61 69 49
AGBO Adèle Cica alias Tangni AVOKANFOUN, Prêtresse de la famille ATAKPALOKO AGBO, 91 63 51 33
Flavienne AGBO, Membre de la famille ATAKPALOKO AGBO, 97 95 61 37

Fonctions

AGBO Ambroise alias Dada AHOUANGASSI, Chef de la famille ATAKPALOKO AGBO, 97 61 69 49
AGBO Adèle Cica alias Tangni AVOKANFOUN, Prêtresse de la famille ATAKPALOKO AGBO, 91 63 51 33
Flavienne AGBO, Membre de la famille ATAKPALOKO AGBO, 97 95 61 37

Coordonnées

AGBO Ambroise alias Dada AHOUANGASSI, Chef de la famille ATAKPALOKO AGBO, 97 61 69 49
AGBO Adèle Cica alias Tangni AVOKANFOUN, Prêtresse de la famille ATAKPALOKO AGBO, 91 63 51 33
Flavienne AGBO, Membre de la famille ATAKPALOKO AGBO, 97 95 61 37

V.2. Soutiens et consentements reçus

MÉTADONNÉES DE GESTION

Rédacteur(s) de la fiche

– ZINSOU Modeste
– Hervé ACCROMBESSI
– DJOTON Oluwachéoun Mireille
– TOSSOU Ryan, AGBLO Laurent,
– ADOSSOU Carmel Koffi Rodolphe.

Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés ou membre(s) de l’éventuel comité scientifique instauré

QUENUM Carhel, Coordonnateur de l’enquête

Lieu(x) de l’enquête

Ouidah

Date/période de l’enquête

Le 22 Juillet 2021

Date de remise de la fiche

Année d’inclusion à l’inventaire

N° de la fiche

FI_4

Identifiant ARKH