La cérémonie de sortie d’enfant est un rite de baptême traditionnel du nouveau-né. Elle est pratiquée par les Tangninons (prêtresses spirituelles de la famille) sous les regards des assemblés de sages et des membres de la famille maternel et paternel du nouveau-né. La cérémonie de sortie d’enfant dure plusieurs mois au cours desquelles le nouveau-né sera présenté à la première nouvelle lune suivant sa naissance, les Tangninons feront également les rituels et les libations nécessaires afin d’accompagner des prières et des vœux de bienfaisance le nouveau-né tout au long de sa vie.
CÉRÉMONIE DE SORTIE D’ENFANT
I. IDENTIFICATION DE L'ELEMENT
I. 1. Nom (tel qu'utilisé par les communautés)
En fongbé : VIDETON
I.2. Domaine(s) de classification, selon l’UNESCO
Patrimoine culturel immatériel
I.3. Communauté(s), groupe(s) et individu(s) liés à la pratique
La plupart des familles Xwédas de Ouidah sont intimement lié à cette pratique. Au nombre de ceux-ci nous avons :
– KPATENON
– ATAKPALOKO AGBO
– HOUESSINON
– ACCROMBESSI
– ADJOVI
– ZOSSOUNGBO
– SOLOGANDJI
– DJOFON
– HOUNDJE…
I.4. Localisation physique
- Lieu(x) de la pratique au Bénin
La cérémonie de la sortie d’enfant se pratique dans la plupart des maisons familiales de Ouidah et un peu partout au Bénin
- Pratique similaire au Bénin et/ou à l’étranger
La sortie d’enfant est une forme de baptême traditionnelle de l’enfant, elle est pratiqué dans la plupart des pays en Afrique. Dans les autres pays occidentaux, on baptise les nouveau-nés à l’église ou selon les cultures et la religion des familles.
I.5. Description détaillée de la pratique
Vidéton, une cérémonie en plusieurs étapes
Sounkiko, la présentation du nouveau-né à la lune
Au Bénin, chez les familles Xwédas la sortie d’enfant est une cérémonie qui se déroule en plusieurs étapes. En premier lieu, le nouveau-né est présenté à la première nouvelle lune suivant sa naissance : il s’agit de SOUNKIKO. Cette cérémonie a lieu juste après le détachement du reste du cordon ombilical du nombril (AHON) du nouveau-né. Dans le cas où la mère du nouveau-né aurait vu la nouvelle lune avant le SOUNKIKO les Tangninons ne feront pas à son enfant la cérémonie.
La mère devra chercher la prochaine pleine lune dans les 4 ou 5 jours pour que le rituel soit fait. Les conséquences du fait que la mère a vu la nouvelle pleine lune et ne l’ont pas signalé avant que le rituel de sortie (SOUNKIKO) ne soit fait à son bébé sont multiples . Les enfants peuvent devenir : des tarés, des malades mentaux, des clochards, des délinquants…Pendant le SOUNKIKO, les rituels et prières spirituelles sont exécutées par les tangninons qui en sont les dépositaires . L’une des tangninons prendra ensuite le nouveau-né et le présentera à la lune sept fois s’il s’agit d’une fille et neuf fois si c’est un garçon. La mère du nouveau-né sera ensuite appelé au dehors, elle prendra son bébé en main et fera les va et vient entre la chambre et le dehors sept fois si c’est une fille et neuf fois s’il s’agit d’un garçon : on appelle cette procession EHAFORNOU-VINON. Ensuite, en présence de la mère et de son enfant, les tangninons prendront l’alcool (Ahan) et Vî jetteront des morceaux de Vî par terre en implorant toutes les mannes des ancêtres de la famille d’accepter ce nouveau-né dans la famille. Après le SOUNKIKO les tangninons citerons à la mère les aliments qui lui sont interdits avant le VIDETON comme : le haricot blanc, le crabe, la sauce gombo, le poisson cuit, les œufs, le poulet…car ces aliments peuvent constituer un frein spirituel au nouveau-né dans le futur.
Vihouedoho, un internement de purification
Trois mois plus tard, la sortie d’enfant proprement dite (VIDETON) sera faite après concertation des grands sages de la famille qui imposeront un délai d’internement du nouveau-né (VIHOUEDOHO) dans une chambre avec sa mère. Pendant son internement le nouveau-né et sa mère ne devront pas consommer du piment et du sel pendant une durée de sept jours si c’est une fille et neuf jours s’il s’agit d’un garçon. Cette interdiction peut être expliquée par le fait que si vous ne mangez pas le piment et le sel qui sont traditionnellement dans les repas de base, votre bouche est bénie et cela confère une forme de puissance à votre parole. Même dans les rites vaudou, cette interdiction revient lors de certaines cérémonies. La durée de 3mois a été choisie car après ce temps la mère du nouveau-né ne serait plus considérée comme impure.
Djedoudou, un repas singulier
Après la fin du VIHOUEDOHO, la mère et son enfant sont accompagnés au portail, les tangninons leurs feront un rituel de baptême spirituel appelé DJEDOUDOU au cours duquel elle fera semblant de s’asseoir-lever sept fois si son enfant est une fille et neuf fois si c’est un garçon. Les tangninons procéderont ensuite à la préparation VATAKPA (un mets composé de pâte de farine de maïs assaisonné à souhait et une sauce de poisson carpe fraîche) servi aux anciens et à tous les convives. La particularité de ce repas est que la pâte et la sauce sont mélangées et toutes les personnes présentes dans la maison doivent en manger.
A la fin, un trou est creusé par terre entre les jambes de la mère à l’endroit où elle est assise dans lequel on enterra tous les restes de poissons et de nourriture.
Enfin on ira à la divinité vodoun Sêtinkômin où on fera les sacrifices de volailles, les libations pour présenter l’enfant à la divinité et les sages de la famille donneront un prénom de baptême à l’enfant sous les chants et les danses rythmés de toute l’assemblée. C’est un rituel de bonne arrivée à la mère et son bébé dans la maison familiale et c’est lui qui achève la cérémonie de sortie d’enfant. Après la cérémonie de sortie d’enfant, la mère pourra s’occuper et sortir avec son bébé sauf dans les marchés cause de la divinité Aîzan qu’il ne serait pas judicieux pour la mère avec son bébé de voir, elle pourra également consommer du sel et les autres aliments qui lui était interdit avant le VIDETON.
I.6. Langue(s) utilisée(s) dans la pratique
Le Fongbé, Xwédagbé
I.7. Éléments matériels liés à la pratique
Patrimoine bâti
La sortie d’enfant est une cérémonie qui se déroule dans la maison familiale. Il n’y a pas de lieu ou de patrimoine bâti consacré à la cérémonie de sortie d’enfant.
Objets, outils, matériaux supports
Les éléments qui entrent dans le processus de sortie d’enfant sont :
Les tangninons pour les rituels et les prières spirituels du SOUNKIKO (Fôyèssoun)
– Déman (feuilles de palmier à huile ; sept si le nouveau-né est une fille et neuf si c’est un garçon)
– Une bouteille de Gin Royale
– Une bouteille de bière
– Ahowé (02)
– Atakoun (01)
– Vî (02)
– Dêhokwè (frais de prière 1000f)
Pour le VIDETON sortie de l’enfant proprement dit :
– 5000F de frais pour les tangninons
– Une bouteille de Gin Royale
– Une bouteille de bière
– Ahowé (02)
– Atakoun (01)
– Vî (02)
– Sodabi (05 bouteilles)
– Sucrerie (01 casier)
– Frais de prière (2000f)
– Volailles (deux coqs et deux poules)
II. APPRENTISSAGE ET TRANSMISSION DU PATRIMOINE
II.1. Modes d’apprentissage et de transmission
Les tangninons sont les prêtresses spirituelles qui s’occupent de la cérémonie d’enfant. Le collège des tangninons est composé des vieilles femmes déjà en âge de ménopause précédé par d’autres femmes moins âgées qui les secondent et à qui elles transmettent le savoir-faire.
II.2. Personnes/organisations impliquées dans la transmission
Les familles Xwédas en général sont celles qui pratiquent la cérémonie de sortie d’enfant. La transmission est assurée par les tangninons et les sages de la famille qui perpétuent le savoir-faire en la transmettant aux jeunes générations. L’association Xwéda Houindo est très impliquée dans l’apprentissage et la transmission de tous les savoir-faire propres à la collectivité Xwéda.
III. HISTORIQUE
III.1. Repères historiques
La cérémonie de sortie d’enfant est une pratique qui remonte à très longtemps. Elle est pratiquée dans la plupart des pays africains notamment au Togo et au Bénin. Ici à Ouidah c’est une cérémonie cultuelle propre à la plupart des familles Xwédas, Nagos, Fons…qui fut initiée et transmises par les ancêtres. C’est un baptême spirituel des nouveau-nés qui a pour but d’implorer les bénédictions des ancêtres et des divinités de la famille afin qu’il soit reconnu comme membre de cette famille. Elle se déroule en plusieurs étapes, les tangninons (prêtresse spirituelle de la famille) sont les femmes qui sont choisies pour la plupart par le Fa pour faire les rituels et les libations nécessaires au cours de la cérémonie de sortie d’enfant.
C’est pendant la cérémonie de sortie d’enfant que le nouveau-né se verra attribuer un prénom par son père ou les sages de la famille. Le prénom spirituel attribué à l’enfant sera prononcé par les tangninons en faisant des louanges et des chants ; ces rituels sont censés attirer sur l’enfant les bénédictions et les grâces des divinités de sa famille tout au long de sa vie.
III.2. Évolution/adaptation/emprunts du patrimoine
Le prix du dèhokwè et de VIDETON a beaucoup évolué au fil du temps compte de tenue de l’augmentation des prix des éléments utilisés dans les rituels de sortie d’enfant. Il varie selon les familles et selon le nombre de nouveau-nés.
IV. VIABILITÉ DU PATRIMOINE ET MESURES DE SAUVEGARDE
IV.1. Viabilité
Vitalité
La pratique est plus ou moins rentable entre les frais de rituelle VIDETON et les offrandes faites aux sages de la famille, la cérémonie peut aussi être une célébration festive au cours de laquelle le père du nouveau-né convie des invités a un grand festin.
Menaces et risques
RAS
Menaces de disparition
La pression des religions occidentales a poussé la plupart des familles aujourd’hui à ne plus pratiqué la cérémonie de sortie d’enfant. A l’église par, exemple on baptise l’enfant avec de l’eau bénie et des prières pour lui souhaiter la bienvenue dans la famille de Dieu. Certaines religions vont jusqu’à interdire aux parents la cérémonie de sortie d’enfant traditionnel qu’elle considère comme allant à l’encontre de ses principes religieux.
Conflits d’usage
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IV.2. Mise en valeur et mesure(s) de sauvegarde existante(s)
Modes de sauvegarde et de valorisation
Les réunions de famille sont des mesures mise en place pour que tous les membres de la famille soient informés sur tout ce qui a trait avec les Xwédas en particulier les cultes et les rites comme la cérémonie de sortie d’enfant par exemple.
Actions de valorisation à signaler
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Modes de reconnaissance publique
La cérémonie de sortie d’enfant est reconnue par tout le monde à travers l’exécution des rituels et des différentes étapes de la cérémonie qui diffère du baptême à l’église par exemple.
IV.3. Mesures de sauvegarde envisagées
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IV.4. Documentation à l’appui
Récits liés à la pratique et à la tradition
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Inventaires réalisés liés à la pratique
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Bibliographie sommaire
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Filmographie sommaire
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Sitographie sommaire
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V. PARTICIPATION DES COMMUNAUTÉS, GROUPES ET INDIVIDUS
V.1. Praticien(s) rencontré(s) et contributeur(s) de la fiche
Nom, Fonctions, Coordonnées
Dah KPATENON ( Tanyi KINVINNON de son vrai prénom) , Prêtresse spirituel de la famille
Fonctions
Dah KPATENON ( Tanyi KINVINNON de son vrai prénom) , Prêtresse spirituel de la famille
Coordonnées
Dah KPATENON ( Tanyi KINVINNON de son vrai prénom) , Prêtresse spirituel de la famille
V.2. Soutiens et consentements reçus
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MÉTADONNÉES DE GESTION
Rédacteur(s) de la fiche
– ZINSOU Modeste
– Hervé ACCROMBESSI
– DJOTON Oluwachéoun Mireille
– TOSSOU Ryan
– AGBLO Laurent,
– ADOSSOU Carmel Koffi Rodolphe.
Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés ou membre(s) de l’éventuel comité scientifique instauré
QUENUM Nicéphore Carhel Hossé, Chargé de la coordination de l’enquête
Lieu(x) de l’enquête
Ouidah
Date/période de l’enquête
Le 19 Juillet 2021
Date de remise de la fiche
Année d’inclusion à l’inventaire
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N° de la fiche
FI_9
Identifiant ARKH
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